Estonie, un pays e-exemplaire
Le Monaco Economic Board (MEB) a organisé vendredi 16 février dans les locaux de MonacoTech une conférence sur l’Estonie, pays précurseur dans le domaine de l’e-administration et des e-services, en présence d’une cinquantaine d’acteurs économiques et officiels monégasques. Une présentation qui participe à la réflexion de la Principauté sur son avenir de smart city.
C’est en 2011, à l’occasion d’un accompagnement d’un voyage officiel de SAS le Prince Albert II, que le MEB avait découvert la réalité de l’étonnante précocité de l’Estonie en termes d’e-administration. La délégation économique de la Principauté avait visité le Centre de démonstration des TIC estonien qui met en valeur le projet global de numérisation du pays intitulé e-Estonia. Sept ans plus tard, Indrek Vimberg qui avait animé la visite, est venu en Principauté pour faire le point sur les avancées de son pays, accompagné de Rein Lang, ancien ministre estonien et actuel consultant pour la société Nortal qui a fourni environ 40% des outils numériques du projet e-Estonia. Outre des adhérents du MEB, notamment des startups de MonacoTech, les Conseillers de Gouvernement des Finances et de l'Économie, de l'Intérieur, des Affaires Sociales et de la Santé, des Relations Extérieures et de la Coopération ainsi que des représentants de l'Administration étaient présents.
Au cours de leur exposé, Indrek Vimberg et Rein Lang ont d’abord rappelé ce qui avait conduit le pays balte, indépendant depuis 1991, à prendre un virage radicalement numérique dès 1995. Le manque de moyens et une administration post-soviétique à reconstruire ont ainsi constitué le moteur de cette évolution. Toomas Hendrik Ilves, qui deviendra Président en 2006, déclarait alors à ses concitoyens : « Au lieu d'une Mercedes d'occasion, achetez un ordinateur pour vos enfants ! ». Dès lors, l’Estonie a mis en route les bases technologiques et a adapté sa législation. En 2002, les citoyens ont été dotés d’une carte d’identité électronique qui progressivement leur a permis d’avoir accès à de nombreux services tels que la signature électronique (2002), le vote électronique (2005) ou encore un système de e-santé qui dématérialise toutes les prescriptions (2010). Le projet participe également à l’attractivité du pays puisque depuis 2015 l’e-résidence permet aux étrangers de créer son entreprise à distance en quelques clics. Pour construire cet édifice, l’Estonie a dû échafauder une infrastructure numérique complexe, constituée de bases de données reliées par une sorte d’autoroute de l’information nationale sécurisée.
Au final, le pays a totalement muté. L’agriculture qui représentait 30% du PIB en 1991 ne pèse plus que 4% quand les services du tertiaire en génèrent maintenant 68%. L’e-administration a également permis de réduire les coûts et gagner en efficacité. Ainsi par exemple, l’Estonie estime économiser 2% de son PIB par an grâce à la signature électronique.
Bien représentés dans l’audience, le Gouvernement et l’administration ont pu se nourrir de cet exemple, qui inspirera peut-être de nouvelles avancées de l’e-administration de la Principauté, smart-city en devenir.