Jean-Pierre Petit décrypte pour les adhérents du MEB un monde “fracturé”

20/09/2024

Vendredi 13 septembre à l'Hôtel Hermitage Monte-Carlo, le Monaco Economic Board a lancé sa saison d’automne aux côtés de son fidèle partenaire et membre, le courtier en assurance Jutheau Husson, à l’occasion de la conférence de l’économiste Jean-Pierre Petit. Élections aux Etats-Unis, situation de l’Europe et de la Chine, analyse et prévisions des marchés, le Président des Cahiers Verts de l’Économie a livré une nouvelle fois un exposé remarquable de la situation économique et financière mondiale.

L’économiste constate en premier lieu une hausse multiforme de la conflictualité (économique, militaire, commerciale, technologique, énergétique) avec notamment une augmentation des restrictions à la liberté des échanges commerciaux. En conséquence, la tendance de la croissance économique mondiale est modérée pour tous les pays, avec pour seul “booster”, l’Inde, qui décolle.

Autre pays qui tire son épingle du jeu : les Etats-Unis, grâce notamment à une faible dépendance énergétique extérieure, un système productif flexible et des décisions politiques rapides, les excellentes décisions de la banque centrale américaine, une capacité d’innovation inégalée, la puissance du dollar et sans oublier une “variable clé” : la productivité en hausse depuis deux ans. Et ce n’est pas le résultat des élections présidentielles qui devrait changer les choses, même si une victoire de Trump serait plus compliquée pour l’Europe en raison d’un protectionnisme accru à son encontre.

La Chine de son côté connaît un certain plafonnement dans son expension, malgré un outil industriel performant (dans les voitures électriques notamment), une indépendance accrue par rapport au reste du monde ou encore une domination sur certains pays grâce aux Nouvelles routes de la soie. Mais sa productivité est atone, le secteur immobilier peine à sortir de la crise et sa population baisse.

Quant à l’Europe, selon Jean-Pierre Petit, elle perd du terrain à peu près partout, paralysée par les réglementations et un processus de décision lent et complexe. L’Europe est aussi handicapée par son vieillissement et son retard dans le numérique, l’intelligence artificielle, la guerre en Ukraine, ou encore la remise en cause du modèle allemand qui a montré ses limites.

L’orateur s’est aussi penché sur la situation de son pays, la France. L’instabilité politique pèse sur les actifs financiers français à la baisse mais avec une diffusion faible sur l’Europe. La confiance accordée à l'économie française ne risque pas de s'améliorer à moyen terme avec les premières discussions sur le budget et les révisions de la note souveraine par les agences de notation. Pour autant, Jean-Pierre Petit estime que Michel Barnier était du point de vue économique “le moins mauvais des candidats pressentis” pour Matignon.

Sur le plan monétaire, une poursuite de la baisse des taux par les banques centrales est attendue dans la continuité d’une politique qui cherche à faire baisser les anticipations d’inflation, qui elles-mêmes nourrissent l’inflation. Une mission réussie selon Jean-Pierre Petit, et ce, sans récession, “bravo la FED !”

Enfin, moment attendu par l’audience, le Président des Cahiers Verts a livré ses conseils en stratégie d’investissements. Ainsi il recommande de surpondérer les obligations souveraines et privées de bonne qualité, notamment la dette émergente, mais pas la japonaise, favoriser l’or ou encore le franc suisse voire le renminbi chinois. Sur le marché des actions, les opportunités à moyen terme ne sont pas légion, les infrastructures ou encore les services restent des options. Sur les technologies, l’éclatement de la bulle se rapproche, même si elle n’est pas encore là, une trop forte pondération de ce secteur dans son portefeuille est à éviter à court terme.

Autant d’informations qui ont ravi les 130 décideurs présents, pour qui ce type de conférence constitue une aide à la décision de premier ordre.

Crédits photos : MEB / P.H. Sébastien Darrasse

 

De g. à d. MM. Justin Highman, Directeur Général Adjoint du MEB ; Guillaume Rose, Directeur Général Exécutif du MEB ; Hervé Husson, Président de Jutheau Husson ; Jean-Pierre Petit, Président des Cahiers Verts de l’Économie ; Philippe Ortelli, Vice-Président du MEB.

Jean-Pierre Petit, Président des Cahiers Verts de l’Économie