SBM : le compte est bon

La société monopole des jeux affiche un chiffre d’affaires record dépassant les 700 millions d’euros et un résultat opérationnel de 73,6 millions. Et investit dans de nombreux chantiers.
 « Le Grand Prix 2024 a été un grand cru. La performance de la SBM ce week-end-là est à la hauteur de la victoire de Charles Leclerc », a confié Stéphane Valeri, après avoir présenté devant la presse un exercice 2023-2024 « record », clos au 31 mars. La SBM affiche en effet un chiffre d’affaires de 704 millions d’euros, contre 667 millions lors de l’exercice 2022-2023 (+6 %) un résultat d’exploitation de 73,6 millions d’euros et un résultat net positif de 103,9 millions d’euros. (L’an passé, le résultat net de 896 millions d’euros était hors norme et lié à la vente de BetClic.)

Les trois grands secteurs d’activités de la SBM sont en croissance (+6% pour les recettes hôtelières et +3% pour les jeux). Sans surprise, c’est le secteur locatif qui génère la plus forte hausse (9%), avec un taux d’occupation frôlant les 100%, devenant ainsi «le grand pourvoyeur de revenus opérationnels du groupe. Ce revenu est passé de 83,7 à 90,8 millions d’euros. » Car la SBM perd de l’argent dans la gestion opérationnelle de ses casinos et de ses restaurants. «Nous perdons 5 millions dans l’exploitation des casinos, et 18 millions dans l’exploitation des hôtels et des restaurants sur cet exercice 2023-2024. »

«Notre masse salariale est très supérieure à celle de nos concurrents »
Si dans les hôtels de la SBM, les prix ont été revus à la hausse de 8 % en 2024 (et devraient l’être également en 2025), le groupe assume de voir son résultat impacté par les dépenses de fonctionnement. «Notre masse salariale est très supérieure à celle de nos concurrents dans les restaurants, avec des salaires très supérieurs aux salaires dans des métiers comparables dans les restaurants de la Côte d’Azur, de la France, d’Europe, et du monde. On y tient, mais ça pèse », observe le président-délégué, chiffres à la clé. Concrètement, le modèle social de la SBM repose sur « un 13ème mois, des primes de transport, mais aussi une prime de Grand Prix de 100 euros par jour travaillé. Chez nous, il n’y a pas de salaires en dessous de 2 000 euros brut », a affirmé Stéphane Valeri, annonçant une nouvelle prime sociale, d’environ 2 000 euros brut, suite aux bons résultats du groupe. Soit une prime de 400 euros pour les salaires inférieurs à 2 200 euros brut, et de 200 euros pour les salaires entre 2 200 et 2 500 euros brut.

Chercher des économies d’échelle
Création de deux nouvelles directions au sein du comité exécutif (développement international et développement immobilier), rénovation du Monte-Carlo Bay et de l’hôtel Hermitage sur 5 ans, acquisition du Palace des Neiges à Courchevel, lancement d’un restaurant à Dubaï en 2025 en partenariat avec le groupe D.ream International… La SBM investit aussi pour l’avenir. La SBM est d’ailleurs candidate pour la reconstruction et l’exploitation du Méridien.

Comment compte-t-elle faire des économies alors ? « Nous allons améliorer les résultats en achetant mieux. Nous pouvons acheter la même qualité, à des prix inférieurs. » C’est justement pour rendre tous les restaurants de la SBM « rentables » qu’une nouvelle direction “food” et “beverage” a été créée pour l’ensemble du groupe. Côté jeux, en plus du ciblage d’une nouvelle clientèle – notamment américaine -, la SBM a modifié sa politique de prêts et son recouvrement des impayés. Car le contexte est compliqué. « Les règles internationales de “compliance” sont de plus en plus drastiques. Nous avons dû, ce qui n’est jamais facile pour un commerçant, refuser des très, très gros clients qui ne correspondent aujourd’hui plus aux normes que nous pouvons accepter, quand on n’a pas une garantie absolue sur la provenance des fonds. On pense à des clients de pays de l’Est, du Moyen-Orient. Comme nous sommes très soucieux de respecter ces normes internationales et d’être irréprochables à ce niveau, nous sommes privés de plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, que nous avions les années précédentes », a déclaré Stéphane Valeri.

Stéphane Valeri, Président Délégué de la SBM